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"Dénoncer les mensonges d’un politicien, c’est comme dénoncer l’humidité de l’eau."
"J’ai été interpellé par un citoyen qui me demandait ce que j’allais faire pour sauver son emploi
J’ai répondu sincèrement.
Rien, car je serai conseiller communal dans l’opposition d’une commune qui n’a rien à voir avec l’usine
[...] J’avais expliqué que les autres mentaient, mais la personne préférait un mensonge. L’immense majorité des humains préfère un mensonge réconfortant
[...] Le politicien ment. Il le sait. Il ne peut pas faire autrement. C’est ce qu’on attend de lui.
[...] les personnes intéressées par le «fact checking» sont une minorité qui ne vote pas pour lui."
""Lewis a fait des choses différentes, Lewis a joué à de petits jeux avec les médias, ils ont tous fait des choses mal et des choses bien, aucun de nous n’est parfait"
Toto Wolf indique avoir mangé et donner des conseils à Masi 3 jours avant la finale
"C'est assez intéressant parce que j'ai déjeuné avec lui le mercredi avant la course [à Abu Dhabi]", révèle Toto Wolff dans une interview accordée à Press Association. "Et je lui ai dit : 'Je tiens vraiment à te dire, sans être condescendant, que tu dois prendre en compte les critiques et évoluer. Lewis le fait tous les jours, mais on dirait que tu es celui qui semble toujours savoir mieux que les autres'. Il ne s'agissait pas de l'influencer, mais vraiment de lui donner mon avis honnête sur le fait qu'il ne devait pas être fermé aux opinions extérieures en les considérant simplement mauvaises."
Toto Wolff justifie sa position à l'époque par l'opinion peu positive dont jouissait Michael Masi dans le paddock, aussi bien auprès de nombreux pilotes que d'autres acteurs du championnat.
"On entend les pilotes et la manière dont les briefings étaient menés [par Michael Masi], et certains ont dit que la façon dont il traitait certains d'entre eux était presque irrespectueuse", assure-t-il. "Il y a un promoteur de l'un des Grand Prix du Moyen-Orient qui a dit qu'il était soulagé qu'il soit parti parce qu'il avait reçu énormément d'insultes de sa part. Il était blindé contre toute opinion, et encore aujourd'hui, il ne s'est pas rendu compte qu'il avait fait quelque chose de mal."
"C'était un handicap pour la F1 parce que tout le monde continuait à parler d'Abu Dhabi et du directeur de course, et le directeur de course ne devrait pas être quelqu'un dont les gens parlent mais quelqu'un qui fait son boulot et s'assure que la course se déroule conformément au règlement."
Non, la loi Avia n'aurait pas empêché l'assassinat, elle ne sert qu'à censurer et à la limite cacher ce qu'on ne veut pas voir...
"« La proposition de loi de Mme Avia, qui aurait permis de faire retirer [les vidéos] et de poursuivre ce père de famille, a été censurée »
[...]
tout d’abord, la loi Avia, concentrée exclusivement sur les devoirs des réseaux sociaux, ne comportait aucune disposition qui aurait pu permettre de poursuivre les auteurs des différentes vidéos visant Samuel Paty. Mais surtout, elle n’aurait rien changé à la situation des vidéos : les parties du texte censurées par le Conseil constitutionnel imposaient des délais très courts de modération, mais ils ne durcissaient pas les critères de modération.
Or, les différentes vidéos diffusées dans les semaines précédant l’attentat ne faisaient pas explicitement l’apologie du terrorisme et n’étaient pas « manifestement illégales » (ainsi qu’est énoncé le critère dans la proposition de loi). Samuel Paty avait porté plainte pour diffamation contre le parent d’élève qui avait publié la première vidéo, Brahim C., mais uniquement après que ce dernier eut déposé une plainte avec sa fille contre l’enseignant pour « diffusion d’images pédopornographiques ».
[...]
Un message haineux (au moins) publié par l’auteur de l’attentat avait été signalé par la Licra à Twitter. Il avait été modéré, et le compte utilisé pour revendiquer l’attentat désactivé très rapidement après la publication dudit message. Ce lundi, le gouvernement annonçait que 80 messages ayant salué l’attentat de Conflans avaient été signalés à la plate-forme Pharos. Ces messages font l’objet d’une enquête, et leurs auteurs sont susceptibles d’être convoqués ou perquisitionnés – laissant donc entendre que l’identité de ces derniers a été transmise aux services de police, ou qu’elle est sur le point de l’être.
[..]
Ce week-end, plusieurs responsables politiques ont également jugé – à tort – que l’attentat avait été rendu possible par « l’anonymat sur les réseaux sociaux ». Xavier Bertrand (Les Républicains) estimait ainsi, dimanche sur RTL, que l’anonymat faisait des réseaux sociaux « des lieux d’impunité ». « L’anonymat sur Internet est un fléau », renchérissait ce lundi le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Dans ce dossier, tous les acteurs ayant publié des vidéos dénonçant Samuel Paty l’ont pourtant fait à visage découvert, et sous leur véritable identité : Brahim C., le parent d’élève à l’origine de la campagne contre l’enseignant, donnait même son numéro de téléphone personnel dans la vidéo virale qu’il a publiée sur Facebook.
"
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Accueil > Critiques > (...) > « Pluralisme » ? Par tous les temps
Au nom du pluralisme, taisez-vous !
par Acrimed, lundi 6 avril 2020
Une déclaration d’Acrimed qui invite les économistes à gages, les chroniqueurs et les éditocrates qui depuis trente ans chantent les louanges du libéralisme, à se taire au nom du pluralisme comme de la décence la plus élémentaire.
Voilà trente ans que les libéraux occupent tout l’espace médiatique, chantent les louanges de la mondialisation heureuse, de l’Europe des marchés, et de la baisse des déficits publics.
Trente années que ces zélateurs zélés du capitalisme nous abreuvent de doctrines libérales qui causent les crises, détruisent les emplois et bouleversent le climat.
Trente années qu’ils braillent contre les dépenses de l’État, appellent à réduire son périmètre, enjoignent d’alléger la pression fiscale, acclament la concurrence et roucoulent dès que l’on réduit le nombre de fonctionnaires.
Trente années qu’ils accompagnent la casse du droit du travail, qu’ils se félicitent des dividendes offerts aux actionnaires, prêchent inlassablement le « mérite » des riches et des rentiers. Trente années qu’ils accablent les travailleurs et les plus démunis, les « tire-au-flanc » et les « privilégiés » dans leurs médias gavés de subventions publiques.
Trente années que ces spécialistes de la pensée jetable se trompent sur tout. Qu’ils célèbrent la finance triomphante à la veille de la crise des subprimes. Qu’ils vantent la « solidarité européenne » quand sont imposées des coupes drastiques aux pays en difficulté. Qu’ils applaudissent, malgré la crise climatique, le capitalisme et le consumérisme effréné dans leurs médias saturés de publicités.
Trente années que les économistes à gages – qui cachetonnent dans les conseils d’administration des grandes entreprises du CAC40 – les chroniqueurs libéraux ou les simples éditocrates cadenassent la parole et monopolisent des plateaux faits par eux et pour eux.
De « l’État obèse » et « boursouflé » fustigé par Laurent Joffrin dans les années 1980 à la « suppression de la cinquième semaine de congés payés » prônée par Christophe Barbier en 2011, en passant par « la mondialisation heureuse » appelée de ses vœux par Alain Minc à la veille des années 2000, ils ont asséné tant de fois le même discours, le même message, qu’il est connu de tous, et par cœur : « Vive l’individualisme et le marché » ; « À bas la solidarité et la puissance publique » !
Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire, certains retournent (une nouvelle fois) leur veste : c’est l’État tant honni qui est appelé à la rescousse. Mais alors que le système de santé est à bout de souffle du fait des politiques libérales et des coupes budgétaires, alors que des vies sont en jeu, que penser des sommations à la « baisse des dépenses de santé » d’Éric Le Boucher ? Que penser des prophéties de Nicolas Bouzou en 2014, selon lesquelles « dans 10 ans, nous aurons deux fois trop de lits d’hôpitaux » ? Que penser des cris d’orfraie d’Agnès Verdier-Molinié contre « le taux d’absentéisme très élevé qu’il y a dans nos hôpitaux publics » ? Que penser enfin, en pleine crise du Covid-19, des railleries d’Yves Calvi contre « la pleurniche permanente hospitalière » (12 mars 2020) ?
Aujourd’hui plus que jamais, après ces trente années de captation de l’antenne, il est temps qu’ils se taisent.
Au nom du pluralisme comme au nom de la décence la plus élémentaire, nous demandons à Jacques Attali, Ruth Elkrief, Dominique Seux, Axel de Tarlé, Alain Minc, Jean Quatremer, Christine Ockrent, Jean-Michel Aphatie, Nicolas Baverez, Alain Duhamel, Christophe Barbier, Brice Couturier, Jacques Julliard, Franz-Olivier Giesbert, Arnaud Leparmentier, Éric Le Boucher, Nicolas Beytout, Yves de Kerdel, Élie Cohen, Christian de Boissieu, Raphaël Enthoven, François Lenglet, Daniel Cohen, Patrick Artus, Christian Menanteau, Éric Brunet, Yves Calvi, Laurent Joffrin, David Pujadas, Yves Thréard, François de Closets, Pascal Perri, Nicolas Doze, Jean-Marc Sylvestre, Nicolas Bouzou, Jean-Hervé Lorenzi, Olivier Truchot, Dominique Reynié, Philippe Dessertine, Agnès Verdier-Molinié et consorts, de ne plus prendre la parole dans les médias pendant trente ans.
Nous demandons également aux médias qui les emploient ou qui les invitent – et a fortiori les médias du secteur public – d’en profiter pour laisser la place, et faire entendre d’autres voix (qui ne soient pas leurs clones) pendant trente ans.
Dans trente ans, alors, on pourra débattre à armes égales.
Acrimed
Post-scriptum : Nous ne doutons pas que le Conseil supérieur de l’audiovisuel veillera à ce que le pluralisme soit ainsi strictement respecté.
Annexe (non exhaustive) : (Plus de) trente ans de fulgurances pro-marché
-
1984, Serge July et Laurent Joffrin : « Comme ces vieilles forteresses [...], la masse grisâtre de l’État français ressemble de plus en plus à un château fort inutile. La vie est ailleurs, elle sourd de la crise, par l’entreprise, par l’initiative, par la communication. » (Hors série de Libération)
-
1991, Nicolas Beytout : « Pas de baisse d’impôts, mais des transferts ; pas de diminution des dépenses ni de remise en cause de certaines fonctions de l’État ; pas d’aide sectorielle massive ni de privatisation réelle. La France fait toujours bande à part, incapable de choisir, comme le dit Michel Albert, entre "capitalisme rhénan" et "capitalisme néo-américain". » (Les Échos).
-
1992, François de Closets : « Bien gérer, c’est dépenser moins ou produire mieux. Indifféremment. Or les deux phénomènes sont liés. L’accroissement des budgets et des effectifs s’oppose à l’amélioration du service car elle permet de ne jamais procéder aux réformes de fond. » (Le Débat)
-
1996, Élie Cohen : « La politique monétaire est tellement importante qu’il faut la faire échapper au processus politique démocratique classique. » (La Tentation hexagonale, Fayard)
-
1997, Alain Minc : « La mondialisation est à l’économie ce que l’air est à l’individu ou la pomme à la gravitation universelle. » (Le JDD)
-
1998, Daniel Cohn-Bendit : « Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché. » (Une envie de politique, La Découverte)
-
1998, Christine Ockrent : « Les patrons en France ont mauvaise presse. On les entend à peine dans le débat public. Cette frilosité des grands patrons à s’exprimer sur des sujets d’intérêt général constitue une vraie carence de la démocratie. » (Les Grands patrons, Plon)
-
1999, Laurent Joffrin : « Décidément, définitivement, la France a choisi la modernité. Ainsi, il ne s’agit plus de se battre pour ou contre l’Europe : l’Europe est faite ; pour ou contre la mondialisation : elle est inéluctable ; pour ou contre la flexibilité : il y en a un bon usage ; pour ou contre l’économie de marché : elle est là et personne ne songe plus à la remplacer, y compris à l’extrême-gauche. » (Le Nouvel Observateur)
-
1999, Jacques Attali : « La libéralisation des échanges est une nécessité. Elle doit se poursuivre. » (Capital)
-
2000, Philippe Val : « Il ne peut y avoir de démocratie sans marché. » (Charlie Hebdo)
-
2000, Le Monde : « La France adopte enfin la loi sur la concurrence dans l’électricité. »
-
2002, Arnaud Leparmentier : « Depuis vingt ans, les États européens ont fait le mauvais choix. Ils n’ont guère augmenté leurs dépenses régaliennes — police, justice, armée, dépenses administratives — [...] En revanche, l’État social (santé, retraites, allocations familiale, chômage, aide au logement, RMI) ne cesse de progresser. » (Le Monde)
-
2003, Jean-Marie Colombani : « Nous devons souscrire d’autant plus naturellement à l’économie de marché que nous jouons chaque jour notre vie. » (Acteurs de l’économie)
-
2003, Alain Duhamel : « C’était [...] une erreur et une facilité de continuer comme on l’a fait le recrutement des fonctionnaires. Là, il y a à mon avis une bastille à prendre. Les statuts de 1945 sont des anachronismes qu’il faut évidemment modifier. » (Le Point)
-
2003, Daniel Cohen : « Une fois avalées quelques dernières pilules amères, comme l’ouverture du capital d’EDF, la France aura accompli le gros de l’adaptation à l’Europe et au monde qui empoisonne sa vie depuis vingt ans. » (Le Monde)
-
2005, Jean-Marc Sylvestre : « [Le libéralisme est] le meilleur système. La guerre économique fait moins de victime que les guerres militaires ou religieuses. » (VSD)
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2005, Patrick Artus : « Ce qu’il faudrait aujourd’hui pour entamer vraiment la réforme de l’État, c’est une rupture, un choc. Cela passerait par la remise en cause globale du statut de la fonction publique et la disparition des corps de métiers par ministères. » (Challenges).
-
2006, Jean-Michel Aphatie : « La France se retrouve aujourd’hui lourde de 4,7 millions de fonctionnaires, record d’Europe, du monde et de l’Univers, pour la stratosphère seule Pluton fait mieux. » (Blog RTL)
-
2006, Nicolas Baverez : « Il y a quatre leviers simples à actionner : fiscalité simplifiée, libéralisation du marché du travail, réforme de l’Etat, réorientation de la protection sociale vers l’activité. » (L’Express)
-
2007, Bernard-Henri Lévy : « À force de ne pas assumer ce qu’elle est, à savoir une gauche de gouvernement - responsable, moderne, libérale, compatible avec l’économie de marché -, la gauche est aujourd’hui gagnée par une nouvelle tentation totalitaire » (Le Parisien)
-
2008, Jean-Michel Aphatie : « Ce grand corps étatique apparaît mou et flasque, entretenu dans son ankylose par un discours syndical égalitariste, maintenu dans un mal être par un pouvoir incapable de réguler son fonctionnement » (Blog RTL)
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2008, Élie Cohen : « L’État doit revoir les dépenses publiques en réduisant le nombre de fonctionnaires. » (Le Nouvel Observateur)
-
2009, Raphaël Enthoven : « Pour le meilleur et le pire, l’économie de marché est la dot de la démocratie dont l’égoïsme individuel est paradoxalement à la fois le pire ennemi et la meilleure garantie. » (La Tribune)
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2011, Yves Calvi : « Le seul enjeu de 2012 ne doit-il pas être la réduction de la dette française et les moyens proposés pour y arriver ? » (C dans l’air, France 5)
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2012, Éric Brunet : « Je défends l’idée, âprement, et vous savez que j’y suis attaché, que l’État devrait dépenser moins avant de penser à augmenter nos impôts. D’abord, des économies ! Et des vraies économies ! Des vraies économies mesdames, messieurs ! » (RMC)
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2012, Axel de Tarlé : « Nous voulons la retraite à 60 ans ? Très bien, mais alors il faut "arbitrer", comme on dit. Il faut faire des économies ailleurs, sur les dépenses de santé, d’éducation, de chômage… » (Le JDD)
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2012, François Lenglet : « Il faut évidemment couper dans les dépenses publiques, parfois très violemment. Mais le plus important est de rétablir la compétitivité, qui elle-même provoque la croissance et donc fait fondre la dette. » (Qui va payer la crise ?, Fayard)
-
2012, Christophe Barbier : « Il ne s’agit pas de dépenser moins, il s’agit de dépenser beaucoup moins, et vite. Des augmentations promises pour diverses allocations aux 60 000 postes prévus dans l’Éducation, la liste de ce qui n’est pas raisonnable est fort longue. » (L’Express)
-
2013, Ivan Rioufol : « Derrière la défense du "modèle social" se dissimule l’incapacité du pouvoir à admettre la faillite de l’État-mamma. Elle oblige à réduire les aides et les redistributions. [...] L’État est-il si riche et efficace pour se permettre le grand jeu ? » (Le Figaro)
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2013, Axel de Tarlé : « L’austérité, ça paye. […] Les pays d’Europe du Sud ont engagé des réformes douloureuses, avec baisse de salaires et mesures de flexibilité. [...] Les résultats de cette cure commencent à se faire sentir. Tous ces pays sont en train de regagner en compétitivité. […] La recette allemande, qui prône l’effort, fonctionne : il suffisait de perdre quelques kilos pour courir plus vite ! » (Le JDD)
-
2013, Dominique Seux : « Les dépenses publiques, si rien n’est fait, seront en 2014, pour la première fois, les plus élevées des 27 pays européens [...]. À ce niveau, ce n’est plus de l’aspirine, c’est de la morphine, c’est-à-dire une drogue. » (Les Échos)
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2014, Philippe Dessertine : « Le Président de la République s’y est engagé : d’ici à 2017, les dépenses publiques doivent maigrir [...]. Quel programme admirable dans un pays où la réponse à tout problème se traduit par un accroissement du déficit, où la moindre réforme réelle c’est-à-dire avec diminution des crédits, se termine dans la rue. »
-
2014, Agnès Verdier-Molinié : « Il ne faut pas dire : "Dans l’éducation on ne fera pas d’économie, sur la question du chômage on ne fera pas d’économie, ou sur les départements on ne fera pas d’économie". Il faut que tout le monde participe à l’effort d’économies. » (BFM-TV)
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2015, David Pujadas : « Jean-Paul [Chapel], petite question complémentaire : est-ce que [la réforme] va alléger ceci : le fameux code du travail avec ses près d’un kilo et demi ? » (JT France 2)
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2015, Yves Thréard : « Vivement 2017 ! […] L’heure sera alors venue de remercier [François Hollande] – au sens figuré, bien sûr – pour exiger une tout autre politique, marquée du sceau de la responsabilité. Baisse des dépenses publiques, amaigrissement de la fonction publique, simplification du Code du travail, révision de la fiscalité, reconstruction de l’école ».
-
2015, Ruth Elkrief : « Si les réformes de l’Eurogroupe ne sont pas faites, alors on crée la dette de demain, et donc on ne règle rien, on continue à creuser cette dette pour les cinquante prochaines années. » (BFM-TV, à propos de la Grèce)
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2015, C dans l’air : « Parmi les dossiers les plus brûlants, la refonte d’un mastodonte, devenu tabou à gauche : le code du travail et ses 3 600 pages, 11 000 articles… à écrémer d’urgence. »
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2017, Pascal Perri : « La bonne formule est finalement d’enrichir les producteurs car eux seuls peuvent ensuite répartir la richesse produite : ils payent des impôts, ils investissent et ils créent des emplois. Pour dire les choses plus simplement, seule une vraie politique de l’offre permet de redistribuer la richesse. » (Les Échos)
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2017, Franz-Olivier Giesbert : « Si le libéralisme de la Chine reste à prouver, ce n’est pas vraiment le cas du communisme d’une France où 5,6 millions de personnes travaillent dans le secteur public, soit 20 % au moins de l’emploi dans notre pays. [...] Je n’oserai parler d’embrigadement idéologique mais force est de constater que la France est un pays où l’on apprend, dès la petite enfance, que tous nos ennuis viennent de l’ultralibéralisme, souvent qualifié de "sauvage". » (La Revue des deux mondes)
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2018, Raphaël Enthoven : « Aucune doctrine n’est moins comprise que le libéralisme, en France. La haine qu’il inspire est à la mesure de l’inculture qui sévit. » (Causeur)
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2018, Nicolas Doze : « Rétablir l’ISF se comprend politiquement, mais n’est pas défendable économiquement. [...] Un pays pauvre est d’abord un pays qui n’a plus de riches. » (BFM-TV)
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2018, Gaëtan de Capèle : « La France continue, seule en Europe, sa course d’escargots. De la grande offensive contre les dépenses publiques, personne n’a encore vu la couleur. » (Le Figaro)
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2019, François Lenglet : « Quand la santé est gratuite, la demande est illimitée ! On trouve des gens qui n’ont rien à faire aux urgences mais qui viennent car c’est gratuit. » (LCI)
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2019, Éric Le Boucher : « Les grèves à l’hôpital ou celle du 5 décembre portent, une fois encore, sur "l’insuffisance des moyens". Avec 56 % du PIB, la France est au premier rang de dépenses publiques. Ce "pognon de dingue", comme dit M. Macron, est amassé chaque année par des prélèvements croissants aux dépens de la compétitivité du pays. Qui peut imaginer sérieusement qu’il est souhaitable et possible de poursuivre indéfiniment dans cette voie ? » (Les Échos)
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2019, Nicolas Beytout : « Dommage [que le gouvernement] n’ait pas profité de ce moment de générosité pour exiger en retour [des hôpitaux] quelques mesures fortes de réorganisation et de chasse aux dépenses inutiles, dans un secteur qui en compte tant. » (L’Opinion)
-
2019, Brice Couturier : « Il faut à présent s’attaquer aux principaux facteurs de blocage de notre économie : les innombrables incitations à travailler moins et à profiter plus que comporte un système social obèse, au bord de la paralysie. » (Le Figaro)
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2020, Bernard Guetta : « Le néo-libéralisme n’a certainement pas eu que des torts. Il a sorti des centaines de millions de personnes de la misère absolue [...]. » (Le Point)
-
2020, Nicolas Bouzou : « Nous avons fait le choix de mettre l’économie en sommeil pour protéger la santé des individus. Donc c’est le capitalisme qui se met au service de la santé des gens. Le débat absolu après la crise, ce sera la croissance. Le seul moyen de solvabiliser nos finances publiques, ce sera la croissance. Et la croissance à court terme, ce sera de travailler plus. » (CNews)
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"et si l’accident avait été plus grave pour le conducteur ?"
"un TER heurte un convoi exceptionnel et blesse le conducteur qui, seul et blessé à la jambe, doit aller sécuriser le train en marchant 1,5km, avant de revenir s’occuper des passagers, étant seul dans le train à cause des suppressions de postes dans l’entreprise."
"en effet, d’autres trains arrivant sur la voie auraient pu causer un « sur-accident », si le cheminot n’était pas parvenu à mettre en place la procédure d’urgence assez rapidement."
NB: le poste radio du train a été cassé lors de la collision
PS: oui, je viens de le découvrir
"
W
Ploum
Je suis @ploum, écrivain, conférencier et futurologue. Contactez-moi pour toute question ou soutenez mon travail.
Publié
décembre 24, 2014
Il faudra la construire sans eux…
By Ploum dans albedo, epub, FR, ...
Il faudra la construire sans eux…
ebook:
Petite histoire de l’humanité à travers le pouvoir et l’écriture.
Depuis ma brève expérience en politique, on me demande souvent si je compte persévérer, quel politicien je soutiens ou quel serait le type de parti susceptible de faire avancer les choses.
Mais je pense que le concept même de politicien est usé, dépassé, qu’on ne peut plus compter sur eux.
Les politiciens sont désormais des machines à gagner des élections, à faire des voix. Ils sont déconnectés de la réalité, ne savent pas ce que c’est d’envoyer un CV, de travailler, d’être indépendant, chômeur, employé, bénévole dans l’ombre.
Alors que notre société est de plus en plus technologique, on ne trouve presque pas de scientifiques ou d’ingénieurs parmi les politiques. Aucun visionnaire, aucun imaginatif, aucun artiste. À la place, des juristes, des anciens journalistes voire, pire, des politiciens de formation.
Ils ne comprennent pas le web, les médias sociaux. Ils sont nés pour faire le show dans les journaux et, s’ils sont là, c’est parce qu’ils ne peuvent pas penser autrement, parce qu’ils sont les meilleurs dans leur domaine qui est de serrer des mains, de passer dans les médias traditionnels et négocier leur politique politicienne. Je l’ai vécu personnellement : la simple illusion du pouvoir corrompt et rend inapte à la moindre pensée, à la moindre réflexion. Tout est justifiable et rien n’a plus de sens si ce n’est être élu.
La politique, comme l’industrie du disque ou les chauffeurs de taxis, est une vocation morte qui va disparaitre, qui doit disparaitre. Mais, comme tout business model, leur agonie va être violente, douloureuse, pleine de dommages collatéraux.
Oui, je crois en une société de demain ouverte, riante, libre. Mais il faudra la construire sans eux…
Pourquoi ? Tout simplement car compter sur les politiciens pour faire évoluer le monde, aussi bien intentionnés soient-ils, revient à demander aux aristocrates de 1789 de bien vouloir, s’il vous plait, destituer le roi, lui couper la tête et renoncer à leurs privilèges.
Pour comprendre cette analogie, peut-être est-il utile que je fasse un bref retour sur l’histoire de l’humanité, rien que ça, à travers les trois grandes ères traversées par notre espèce.
L’ère de la force
Depuis l’apparition du premier animal, la force brute était synonyme de pouvoir.
Le chef d’un groupe d’humains était, sans contestation possible, le plus fort d’entre eux. Pour devenir chef à la place du chef, il suffisait de vaincre ce dernier. L’autorité d’un chef se volatilisait dès qu’on n’était plus à portée de sa force.
Bien sûr, la force pouvait parfois être complétée par de l’astuce ou de l’intelligence mais ces qualités étaient au service de la force brute, de la capacité de tuer.
L’ère de la transmission
L’humanité prend un tournant historique en inventant l’écriture. Au départ simple outil comptable, il va très vite se révéler incroyablement disruptif. Grâce à l’écriture, un homme peut transmettre une information à un autre.
Géographiquement, cela signifie qu’un chef peut étendre son autorité. Il peut donner des ordres et être informé des résultats. L’écriture permet également d’inventer l’acte de propriété. Un chef peut déclarer “propriétaires de terrains” les membres de son clan grâce à une preuve écrite et donc transmissible ou échangeable. L’intérêt du chef est que le propriétaire du terrain paie un impôt. En échange de cet impôt, le chef s’engage à faire respecter le droit de propriété. Les armées professionnelles font donc leur apparition : elles sont l’outil du chef pour protéger les propriétaires qui lui versent l’impôt.
Mais la transmission de l’information n’est pas uniquement spatiale : elle est aussi temporelle. Le chef peut désormais transmettre son autorité à sa descendance.
Cette tendance est fondamentalement logique : la force pure n’est plus une qualité intéressante chez un chef, désormais un souverain. À la place, un bon souverain doit être gestionnaire. Contrairement à la force brute, la bonne gestion est une qualité très complexe qui nécessite de l’éducation. Le souverain donne donc une éducation à ses descendants afin qu’ils soient intellectuellement aptes à utiliser l’autorité qu’ils recevront.
Ce principe est tellement efficace que des empires immenses se créent. L’Égypte antique doit son succès millénaire à l’utilisation de l’écriture et à la création de dynasties. Mais administrer des territoires si gigantesques nécessite une organisation complexe de la société. Il s’en suit l’apparition de castes très précises. Encore une fois, l’écriture est au centre du processus et permet d’appartenir à une caste élevée : les fameuses “lettres de noblesse”. La même écriture permet l’invention du système économique grâce à la “reconnaissance de dette”.
Si elle était isolée, la minorité noble serait à la merci de la moindre rébellion des classes inférieures. C’est pourquoi une caste transversale fait très tôt son apparition : les prêtres.
La religion est, elle aussi, un pur produit de l’écriture. En fixant sur le papier des règles, des rites, des superstitions et des légendes qui évoluaient joyeusement avec le temps, la religion devient une entité figée extrêmement liée au pouvoir. Elle assène des vérités sacrées car écrites. Ce qui est écrit est indiscutable. La première de ces vérités indiscutables est généralement que le pouvoir du souverain provient de dieu.
La religion est donc un outil extraordinaire qui permet de contrôler ce qu’est la vérité absolue et de l’enseigner jusque dans les plus basses classes. Dans un monde où l’on ne communique que de “un à un” ou “un à très peu”, la religion est le réseau de communication, de distribution de l’information. Toute la subtilité de la religion tient au fait que, tout en étant un adjuvant essentiel du pouvoir, elle cultive en son sein une certaine frange rebelle et rassemble autour d’elle toute velléité de contestation. Le problème étant, bien entendu, lorsque ces franges rebelles prennent trop d’importance. Mais c’est une autre histoire.
Si la religion et le pouvoir temporel ne pouvaient se passer l’un de l’autre, il résultait souvent du partage du pouvoir des tensions, des intrigues, des transfuges.
L’ère de la diffusion
Au fil des siècles, les empires se succèdent, appliquant la recette avec plus ou moins de succès. À chaque fois, un déséquilibre trop important entre le clergé et les aristocrates entraine le déclin d’un empire et son remplacement.
Mais au XVème siècle apparaît un outil qui, à première vue, ne sert qu’à faciliter l’écriture. Il devrait donc renforcer le pouvoir en place. Cet outil, c’est l’imprimerie.
Preuve de l’ingénuité de ses concepteurs, l’imprimerie servira tout d’abord à imprimer des bibles, le livre religieux contenant les vérités absolues de cette époque-là.
Cependant, l’impact de l’imprimerie se révélera beaucoup plus profond. Il est en effet possible, pour une personne seule, de communiquer vers une multitude, géographiquement et temporellement. La société humaine passe d’une communication de “un à un” vers “un à plusieurs”.
Les conséquences immédiates sont l’explosion des connaissances, de la réflexion et de la science. Ce que nous appelons “Renaissance” n’est, selon moi, pas dû à la chute de l’Empire romain d’Orient, comme on me l’a enseigné à l’école, mais bien à la démocratisation du savoir grâce à l’imprimerie. Malheureusement, la méthode scientifique et la réflexion intellectuelle vont à l’encontre de la religion.
Mais l’impact le plus évident de l’imprimerie est la gestion de la richesse. Avant l’imprimerie, il était nécessaire d’entreposer sa richesse et de la protéger. Richesse rimait donc avec aristocratie. Cependant, certaines personnes comprennent bien vite qu’il est tout simplement possible d’imprimer de l’argent. Il suffit de proposer aux gens de garder leur fortune et, en échange, de leur donner un reçu imprimé, un “billet de banque”.
Cette invention va complètement saper l’aristocratie tout comme la science sape la religion.
Grâce aux billets de banque, les aristocrates s’endettent afin de maintenir un “train de vie”. Pour eux, la noblesse est plus importante que la fortune. Ceux qui sauront particulièrement exploiter ce filon sont à la base des plus grandes fortunes d’aujourd’hui. Citons par exemple la famille Rotschild.
Les aristocrates sont affaiblis, la religion est affaiblie : il ne manque qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Cette étincelle sera, de nouveau, provoquée par l’imprimerie : les écrits séditieux et les poèmes révolutionnaires seront les déclencheurs de la Révolution française.
Celle-ci aboutira, malgré une tentative de restauration, à l’instauration d’un nouveau régime mondial.
Si la religion était le canal permettant d’asseoir l’autorité de l’aristocratie, le nouveau régime, lui, utilise intensivement les moyens de diffusion : journaux imprimés puis radio et télévision. Ceux-là mêmes qui ont causé la perte du régime précédent !
Grâce à l’usage d’élections, dont les résultats sont en grande partie contrôlés par ce que racontent les médias, le peuple accepte dorénavant religieusement ses nouveaux maîtres. La messe est remplacée par le journal parlé et “se tenir informé” devient , en lieu et place de la piété, l’indispensable qualité d’un citoyen honnête et responsable. Le tout nonobstant le fait que l’information est hyper centralisée et contrôlée.
Le pouvoir échoit donc à ceux qui contrôlent le mieux l’information, qui savent utiliser le média qui convient le mieux. La radio permettra l’ascension d’un Hitler ou d’un Charles de Gaulle mais la télévision propulsera un Kennedy.
Tout comme les puissants de l’ancien régime oscillaient entre le clergé et la noblesse, les puissants actuels sont un habile équilibre entre les communicants, les politiciens et les banquiers. Les banquiers financent les politiciens qui, en échange, leur donnent le pouvoir d’imprimer de l’argent garanti par l’état. Les communicants (dont la partie la plus visible tire justement son nom de l’imprimerie : “la presse”) sont, comme la religion avant eux, un soutien perpendiculaire au pouvoir, un exutoire à la rébellion, un outil de contrôle des foules et une antichambre pour permettre aux éléments les plus brillants de devenir politiciens. En échange, ils ont le pouvoir absolu de déterminer arbitrairement qui sera célèbre.
Remarquons que, par rapport à l’ancien régime, il y a désormais trois classes qui consolident le pouvoir. Afin de garantir l’illusion du choix, il est indispensable d’entretenir plusieurs factions politiques. Cette alternance est certainement un progrès par rapport à l’aristocratie et a permis d’appeler ce mode de gouvernement “démocratie”. Démocratie qui s’est faite un devoir de devenir mondiale, à la fois par la force et la propagande. Étymologiquement, le mot “démocratie” est bien entendu abusif mais c’est le terme désormais consacré.
D’ailleurs, le mot “démocratie” entretient l’illusion que tout le monde peut accéder au pouvoir. Tout le monde peut gagner de l’argent, s’il travaille dur, et devenir riche. Ces crédos, amplement répétés, se sont révélés complètement faux voire mensongers. L’argent se transmet principalement par héritage et se concentre de plus en plus chez les riches, tout comme les titres de noblesse. Le pouvoir “démocratique” ne fait pas exception. À titre d’illustration, la prochaine élection d’un président des États-Unis verra probablement s’affronter un fils et frère de présidents à la femme d’un autre président.
Mais, tout comme les braves curés proches des pauvres, l’univers des médias est peuplé de journalistes idéalistes persuadés d’œuvrer pour le bien du peuple, de se rebeller contre l’autorité alors que, par leur petite contestation, ils ne font qu’asseoir la légitimité d’un organe tout entier consacré à la sauvegarde du pouvoir en place. Nos nouvelles sont remplies du moindre fait concernant les politiciens, afin de leur donner de l’importance. Nous sommes noyés sous les histoires pour nous faire rêver : ces entrepreneurs milliardaires partis de rien, ces starlettes de la télé qu’on asperge d’argent afin de prouver que, oui, n’importe qui peut devenir riche. Par contre, les pauvres meurent de faim ou de la guerre dans les pays où la “démocratie” n’est pas encore installée aussi bien que chez nous. Alors que, en démocratie, les pauvres sont si rares qu’on en parle à peine.
En grande majorité, le divertissement renforce cette narration. Les héros de la “démocratie” sont tous des individus normaux, auxquels nous pouvons en apparence nous identifier, qui vont changer le monde à eux seuls, le reste du monde restant passif et applaudissant. La subtilité vient à chaque fois d’un super-pouvoir, d’une particularité, d’une destinée tracée qui rend ce héros unique. Si nous n’avons pas cette particularité, nous pouvons rêver, espérer. Mais nous avons le devoir de rester dans la foule passive et d’attendre “l’élu”. Les super-héros et la télé-réalité nous apprennent donc que “tout est possible” mais qu’il faut attendre, passivement, la chance, l’élément déclencheur miraculeux, le sauveur.
Le succès des loteries prouve amplement la réussite de ce mode de fonctionnement.
L’ère de l’interconnexion
L’invention qui va égaler voire dépasser l’imprimerie en termes d’impact est Internet. Après la communication écrite “un à un”, la communication imprimée “un à plusieurs”, Internet permet pour la première fois la communication “plusieurs à plusieurs”.
Tout le monde peut communiquer avec tout le monde. Tous les équilibres et les structures seront irrémédiablement chamboulés.
Les premiers affectés sont les médias. Toute la lourde infrastructure qu’ils ont mise en place pour obtenir des informations, les traiter et les fournir aux citoyens est devenue obsolète. Comme les églises, la presse papier et le journal télévisé n’attireront bientôt plus, outre les courants d’air, que quelques vieux réactionnaires passéistes et nostalgiques. Heureusement pour la presse, elle est historiquement un des piliers du pouvoir démocratique. Les politiciens ne la laissent donc pas tomber et tentent à tout prix de la soutenir sans se rendre compte de sa perte progressive d’influence.
Mais si la presse n’apporte plus pleinement son soutien, la classe politique, taillée pour un monde “un à beaucoup”, s’affaiblit. Sur Internet, le débat d’idées est permanent. Les faiblesses logiques des discours politiciens sont très vite montrés du doigt et les conflits d’intérêts identifiés.
Tout le monde peut dire n’importe quoi sur Internet. Après avoir appris à lire grâce à l’imprimerie, le peuple découvrira la nécessité d’apprendre le sens critique. Mais tout comme la propagation d’idées séditieuses était un tort à un souverain despotique, l’esprit critique individuel marque, à terme, l’arrêt de mort de la particratie partisane.
Le déclin du système est inéluctable. Les banquiers cherchent donc à tirer leur épingle du jeu en tentant d’exploiter le filon jusqu’au trognon, convaincant les politiciens de soutirer le plus de richesses possible avant l’écroulement : les fameuses mesures d’austérité. Lesquelles sont également une tentative désespérée de rappeler les valeurs morales de la “démocratie” : il faut travailler dur pour pouvoir espérer devenir riche. Ou moins pauvre.
Tout comme l’imprimerie a permis l’avènement de la banque à travers le billet et la monnaie papier, Internet entraîne l’apparition d’une toute nouvelle économie, rigoureusement incompatible avec la précédente : la fameuse “économie du partage”.
Que l’on ne s’y trompe pas : payer un trajet Uber avec une carte de crédit n’est pas l’économie du partage, malgré ce que les médias vous diront. Car, encore une fois, rappelons que les médias font partie d’un ancien monde et luttent résolument contre l’apparition de cette révolution.
La véritable économie du partage se profile néanmoins : je paierai automatiquement, avec une monnaie totalement décentralisée, comme le Bitcoin, l’utilisation de la voiture de mon voisin. Ou plutôt d’une des trois voitures que mon quartier aura imprimées, pièce par pièce, de manière communautaire.
Autant dire que, dans cet univers, les notions de politicien, de presse, de banque voire de travail ou d’impôt n’auront plus du tout le même sens.
La transition
Que l’on ne s’y trompe pas : raconter l’histoire de manière déterministe est, a posteriori, facile. Mais les humains sont, y compris chez les plus puissants, inconscients des enjeux qui se trament. Ils sont, pour la plupart, de bonne foi et sont même persuadés d’agir dans l’intérêt du bien commun.
Le plus vil et le plus escroc des banquiers est persuadé d’être utile et nécessaire, que son bonus annuel est mérité, que l’économie a besoin de lui.
Il n’y a donc pas de grands méchants riches qui tirent les ficelles et à qui il faut couper la tête. Au contraire, nous participons tous à la construction de notre société. Faire de la politique pour changer le monde ? Pour améliorer la société ? Ce serait comme demander à Louis XVI un titre de noblesse afin d’avoir le droit de faire la révolution. Le droit de changer le monde, il se prend sans l’accord du pouvoir en place. Il s’utilise contre le pouvoir en place. Car, par définition, ils sont opposés à tout changement, même si les plus idéalistes n’en sont pas conscients.
Nous avons la chance d’être conscients de vivre une transition, de pouvoir appliquer un regard d’historien sur la période actuelle. Il s’est écoulé près de 500 ans entre l’invention de l’écriture et l’avénement de la première dynastie égyptienne. Il a fallu 300 ans pour que l’imprimerie engendre la révolution française. Cela fait 20 ans qu’Internet existe. Seulement.
Alors, laissez-moi vous dire : nous ne sommes qu’au début ! Aux prémices ! Aux balbutiements ! À l’aube d’une nouvelle ère que j’espère voir grandir de mon vivant. Une nouvelle époque que je pressens plus humaine, plus passionnante, plus juste. Un futur aussi inimaginable que Thèbes l’était pour l’homme de Cro-Magnon ou que l’homme sur la Lune pour Gutenberg. Une nouvelle société dont nous avons le devoir de préparer les fondations ici et maintenant.
Une nouvelle humanité qu’il faudra construire sans eux…
Si ce billet vous a plu, je vous invite à élargir la réflexion avec Pourquoi nous regardons les étoiles.
Photo par Carlos Gracia. Relecture par Pierre-Louis Peeters et mlpo.
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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE."
Affaire Legay : le procureur de Nice a disculpé la police... pour ne pas embarrasser Emmanuel Macron
"Il fallait éviter de mettre le président de la République en difficulté."
"La Nouvelle-Zélande est sur le point de devenir le premier grand pays à RENONCER À LA CROISSANCE COMME PRIORITÉ POLITIQUE AU PROFIT DU BIEN-ÊTRE! Le gouvernement de @jacindaardern vient de décider de tte une série de mesures & du budget en ce sens"
https://www.nytimes.com/2019/05/22/world/asia/new-zealand-wellbeing-budget.html
"Mais c’est de l’autre côté de la manche, chez nos voisins britanniques, qu’il faut chercher la principale inspiration de l’ASU ou du RUA. En 2012, cela s’est traduit par la mise en place de l’Universal Credit fusionnant six prestations en une seule. Cette refonte des minima sociaux s’est fondée sur un diagnostic similaire : complexité du système, taux de non-recours importants, décalages entre ce qui perçu et ce qui devrait être perçu… De plus, la réforme vise également à la reprise d'activité en incitant ses bénéficiaires à retrouver rapidement un emploi. C’est la philosophie anglo-saxonne du “workfare” qui prévoit que les allocataires doivent travailler en échange de leurs prestations.
Cinq années plus tard, le bilan de l’Universal Credit est catastrophique. Loin d’avoir améliorer la situation des allocataires, de nombreux citoyens britanniques se sont retrouvés sans ressources. Fin 2016, seulement 400 000 personnes percevaient l’Universal Credit contre 7 à 8 millions de bénéficiaires potentiels. On ne compte plus le nombre de pauvres faisant la queue devant les banques alimentaires, la faim au ventre parce qu’ils n’avaient toujours pas obtenu leur aide sociale. L’Universal Credit devait simplifier l’accès aux droits, c’est tout le contraire qui s’est produit."
@Alserweiss Du coup les gens a qui t'as donné ton adresse se mettent a envoyer des emails qui te sont destinés, à quelqu'un d'autres sans le savoir…
Il y a pas a dire « protonmail cey bien, cey securisay et digne de confiance »…
"Ce soir-là, je suis rentré à mon appartement en regardant les murs du circuit de Monaco, en sachant que, si je me ratais, si j'avais un contact avec le mur ce week-end-là, ma carrière en F1 pouvait se terminer en quelques jours. Je savais que chaque séance d'essais libres avait un peu plus de poids pour moi. Chaque chrono, chaque résultat allait être scruté et pouvait être utilisé contre moi pour prendre mon baquet."