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"Ce qui est en jeu, c’est la liberté d’informer sur ces fléaux que sont le complotisme et la désinformation.
Martine Wonner à l’Assemblée nationale (DR).
Menaces de mort, intimidations, injures, accusations calomnieuses, allégations fausses ou mensongères, cyberattaques, procès en diffamation… : c’est ce à quoi s’exposent ceux qui comme nous à Conspiracy Watch entreprennent d’analyser sous un angle critique, simplement mais résolument critique, les théories du complot, rumeurs et autres intox ainsi que les propos publics et prises de positions de ceux, nombreux, qui s’en font les propagateurs.
Plus que jamais, la critique du complotisme relève du « sport de combat ». Depuis plusieurs années, singulièrement ces dernières semaines, plusieurs collaborateurs de Conspiracy Watch et moi-même personnellement avons été la cible d’attaques d’une violence inouïe auxquelles nous avons décidé de ne pas réagir.
Lorsque ce ne sont pas des utilisateurs anonymes courageusement planqués derrière leurs pseudos qui nous gratifient de toutes les insultes imaginables, ce sont des blogueurs, comme Olivier Berruyer ou Michel Collon, qui cherchent à nous faire taire, en lançant contre nous des procédures-bâillons – quatre contre moi à ce jour, en tant que directeur de Conspiracy Watch ou co-auteur d’un documentaire sur le complotisme diffusé sur France 3 en 2018.
Nous ne nous attendions pas à ce qu’une parlementaire fasse à son tour pression sur nous.
C’est pourtant ce qui vient de se passer. Dans un courrier à en-tête de l’Assemblée nationale qu’elle nous a adressé en recommandé avec avis de réception, la députée du Bas-Rhin, Martine Wonner, la même qui, il y a quelques semaines, dénonçait « la censure des médias en France », n’hésite pas à se réclamer de son statut d’« élue de la Nation » pour nous enjoindre, sous peine de poursuites, de retirer sous 48 heures non seulement la notice d’information que nous lui avons consacrée mais aussi « toutes publications présentes sur votre site traitant de ma personne » (sic !).
Lettre de Martine Wonner à Conspiracy Watch (cliquer pour agrandir).
Nous avons en effet consacré ces dernières semaines une notice d’information à Martine Wonner, comme nous en avons publié d’ailleurs des dizaines d’autres. Ces notices, mises à jour régulièrement, s’inscrivent dans le cadre de notre mission de veille et d’analyse critique du conspirationnisme et de la complosphère. Elles relèvent d’un travail d’information du public.
Du reste, aucune des informations contenues dans cette notice d’information n’est contestée par la députée qui prétend, à tort, que ce texte la présente comme « conspirationniste » (il est vrai qu’elle reconnaît elle-même ne pas savoir ce que veut dire le mot « complotiste » tout en expliquant par ailleurs qu’elle est en train de se dire que le mot « devient un adjectif de qualité ! »).
Il nous apparaît important que nos lecteurs aient connaissance de la place qu’occupe la députée du Bas-Rhin au sein de la complosphère francophone et nous ne voyons pas au nom de quoi nous devrions leur dissimuler ces informations.
Martine Wonner a fait l’objet de plusieurs textes dans des médias comme Le Monde, Libération ou L’Obs – qui va jusqu’à intituler l’un de ses articles : « Martine Wonner, une complotiste à l’Assemblée ? »… Elle fait également l’objet d’une notice dans l’encyclopédie collaborative Wikipédia. Mais il semble qu’elle concentre ses foudres sur notre média qui fonctionne avec deux salariés, une stagiaire, quelques pigistes et une poignée de collaborateurs bénévoles.
La lutte intellectuelle contre le conspirationnisme ne peut se faire qu’avec des arguments fondés en raison et des faits établis, recoupés, vérifiés, au terme d’un travail journalistique rigoureux et scrupuleux. Si des responsables politiques commencent à traîner devant les tribunaux un site internet unique en son genre comme Conspiracy Watch (un service de presse en ligne reconnu comme tel par la Commission paritaire des publications et agences de presse), c’est rien de moins que la liberté d’informer sur ces fléaux que sont le complotisme et la désinformation qui est en jeu."
Je suis polytechnicien et je suis allé en grand uniforme à l’acte 3 des gilets jaunes.
Pour cette raison, l’école a porté plainte contre moi pour port illégal d’uniforme au cours d’une manifestation politique ou syndicale. La peine encourue est d’un an de prison et 15000 euros d’amende.
Il y a beaucoup à dire sur la probable nullité de la plainte : Pour commencer que le grand uniforme de polytechnique (GU) n’est pas un uniforme militaire. Il ne porte pas de galons. Il est donné aux élèves étrangers, et sa coiffe (le bicorne) est une coiffe civile, initialement attribuée à différents corps de l’état.
Et enfin sur le caractère politique ou syndical de la manifestation du premier décembre. Je n’y ai pas beaucoup vu de banderoles de partis, et encore moins de drapeaux syndicaux. Les seuls slogans étaient La Marseillaise, « Macron démission » et la « police avec nous ». Le seul drapeau était tricolore. J’y étais, et j’y ai vu le plus beau spectacle politique de ma vie: un peuple uni pour réclamer sa liberté, loin des intrigues politicardes.
Mon objectif était clair : montrer que parmi les "élites" de ce pays, dont les polytechniciens sont une figure visible et encore respectée, il y en a qui sont prêts à s'engager dans un tel mouvement populaire pour la justice sociale et fiscale, en bref pour la fraternité. A rendre un peu de tout ce qui leur a été donné.
Par ailleurs, mon acte me paraît être dans la continuité de l'histoire révolutionnaire de l'école qui lui a valu une certaine estime populaire. On peut citer les élèves qui sortent de l'école pour rejoindre les barricades en 1830 et aideront à faire tomber Charles X. Ou même ses fondateurs, Carnot, Prieur-Duvernois, Monge et Lamblardie, dont deux étaient membres du comité de salut public et un autre un ami de Robespierre. Je pensais donc que cette affaire, en arrivant aux oreilles de la direction, aurait plus fait sourire que grincer des dents.
Je faisais également faire un acte profondément républicain et social. Face à la fronde médiatique et politique contre les gilets jaunes, assimilés tantôt à des antisemites, tantôt à des homophobes, la moindre des choses était de manifester du soutien. Si possible un soutien engagé.
Par ailleurs, je n’ai jamais pensé que mon acte était illégal, et encore moins que l'école porterait plainte. Je l'ai toujours vue régler ses problèmes en interne (parfois trop), à la manière d'une institution militaire, et avec l'élégance d'une institution chargée d'histoire.
Il faut croire que les choses ont changées.
Je ne crois pas un seul instant que l'école ait agi de son propre chef. Le directeur dont le poste est récent, vient d'être nommé. Il est déjà contesté de l'intérieur et ce genre de polémique est la dernière chose dont il doit avoir envie. Je pense plutôt qu'on lui a demandé de le faire.
Nicole Belloubet n'a-t-elle pas demandé des réquisitions fermes ? Combien de gilets jaunes ont fait de la garde à vue pour rien ? Combien aux casiers judiciaires vierges sont allés en prison ? Combien de blessés ? Ce mouvement populaire a déstabilisé le pouvoir, qui a eu peur. Alors tous les moyens sont bons pour enrayer le mouvement. La violence, la diversion, l'amalgame et l'intimidation.
Mon cas rentre dans la dernière catégorie. De tous les militants poursuivis, je suis probablement celui qui en a fait le moins, et celui dont les actes ont été les moins visibles. Mais la poursuite en justice, même si elle n'aboutira certainement jamais, est une menace. Une menace qui pèse sur moi et ma famille et aussi sur ceux qui voudraient suivre mon exemple.
A mon appel de république : "engagez-vous pour la justice", le pouvoir répond : "voyez ce qu'il en coûte".
Je vous conjure ne pas avoir peur et renouvelle mon appel: vous qui, comme moi, avez bénéficié des largesses de la république, c’est à dire du peuple, engagez vous pour la justice!