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Fakenews créé sur Facebook
Même si le nombre n'est pas bon, il reste qu'on consomme trop de vêtement et apparemment, on en a beaucoup qui ne sont pas recyclable
"j'ai retrouvé d'où vient ce chiffre : d’une étude par sondage de 2015 sur 2000 femmes de plus de 16 ans, commandée par une organisation caritative anglaise, Barnardo’s. Le rapport est introuvable sur leur site"
"On est plutôt sur 160-170 réutilisations en 2015 (étude internationale). Ne pas oublier que c’est une moyenne. Le nombre de réutilisations a tout de même baissé de 36% en 15 ans alors que le nombre de vêtements dans nos placards a doublé !"
Qui vole un boeuf, vole un oeuf comme on dit
"Sibeth Ndiaye a donc assumé de mentir «pour une histoire de tennis». "
L'OMS a pas dit de testé au mois d'avril mais le 16 mars ce qui était honnêtement déjà trop tard
On est le 11 mai et on ne teste toujours pas selon les recommandations de l'OMS...
« Pourquoi certaines offres d’emplois ne sont pas pourvues ?, interroge Erwan, également agent à Pôle emploi. On le sait très bien. Parfois, les employeurs laissent l’annonce, même s’ils ont trouvé quelqu’un. Soit par négligence, soit consciemment. Pour les boîtes d’intérim, cela fait un vivier à intérimaires…. Surtout, la plupart de ces annonces viennent de secteurs et métiers qui ne paient pas. Les rémunérations sont trop basses par rapport au niveau de qualification demandé. Ou bien les temps de travail sont hyper-fractionnés, et très courts. »
« Les chômeurs qui refusent un emploi sont rares, ajoute Aurélie. De plus en plus rares. Avec la pression sociale et celle de l’entourage, ce sera de plus en plus difficile de dire non. Ceux qui osent le faire sont sûrs d’eux, souvent qualifiés, et habitués à de bons salaires. »
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Publié Le 13.11.2018 à 15h43
« Ça doit se savoir », « Alter Santé », « Libre Info » : un seul homme derrière un réseau de désinformation
Les Décodeurs ont identifié un Français, Johann Fakra, derrière une trentaine de sites mensongers, présentés comme des médias « alternatifs ».
Par Adrien Sénécat
Temps de lecture : 5 min
« Mon site ? Je n’ai pas de site. » Lorsque Le Monde l’a interrogé sur ses activités, Johann Fakra a nié en bloc. A l’en croire, il n’est lié ni de près ni de loin à l’administration de blogs ou de sites Internet. Pourtant, c’est bien la main de ce Français que l’on trouve derrière un vaste réseau de sites et de pages Facebook, bâti patiemment depuis des années.
Ces médias qui se disent « alternatifs » diffusent régulièrement des articles sensationnalistes et de fausses informations, parfois aux accents conspirationnistes. Réunis, ils constituent l’un des plus gros réseaux de désinformation français : nous avons identifié plus d’une trentaine de sites qui en font partie, et cette liste n’est probablement pas exhaustive. Mais malgré cet activisme, Johann Fakra avait réussi à rester relativement anonyme. Jusqu’à ce que nous remontions à lui.
Un réseau d’une trentaine de sites de désinformation
Captures d’écran des logos des principaux sites du réseau. Les Décodeurs
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A première vue, tous ces sites ressemblent à des blogs amateurs indépendants les uns des autres. Cadoitsesavoir.fr, par exemple, se veut être une « revue de presse alternative » qui diffuse des informations politiques et internationales. Ta-sante.fr, quant à lui, véhicule des conseils en matière de santé, qui ont de quoi faire tiquer l’immense majorité des spécialistes. De son côté, Tranchederire.fr diffuse des articles de divertissements sous des titres sensationnalistes. Et ainsi de suite.
Aucun de ces médias n’explique clairement qui en sont les administrateurs, se contentant de mentionner une adresse e-mail de contact générique. Nous en avons trouvé sept différentes que nous avons toutes sollicitées, sans réponse pour l’heure.
Nous avons cependant constaté qu’au moins deux signes lient formellement ces sites entre eux : d’abord, les publicités qu’ils affichent sont toutes liées au même compte Google AdSense. Cela veut dire qu’un même administrateur se charge de gérer les publicités affichées sur l’ensemble des publications. Ensuite, le même compte Google Analytics est utilisé pour mesurer l’audience de chacun d’entre eux, ce qui témoigne là aussi d’une gestion unique.
On retrouve également des éléments graphiques communs entre certains des sites, voire même des contenus similaires ou identiques de l’un à l’autre.
A gauche, un article du site Libre-Info.org. A droite, le même article sur Seelife.fr. Les Décodeurs
Intox et sensationnalisme à tout-va
Si tous ces sites sont trompeurs, dans le sens où leurs auteurs avancent masqués, ils nous apparaissent surtout problématiques à cause de leur contenu. Les informations qu’ils véhiculent sont reprises d’autres sources, parfois même recopiées, et pas toujours les plus fiables. On peut par exemple citer des vidéos publiées par le site d’Alain Soral, Egalité et réconciliation, ou des théories contestées d’Henri Joyeux.
Au-delà des sources, les affirmations elles-mêmes sont très souvent bancales, pour ne pas dire fumeuses. Les titres mensongers se comptent par dizaines, sur des sujets aussi variés que le résultat des élections, la politique vaccinale, le compteur électrique Linky ou la guerre en Syrie. Le site Onsaitcequonveutquonsache.com écrit ainsi que « l’attentat contre Charlie Hebdo a été fomenté par le gouvernement français ». Altersante.fr affirme que « l’ail est 15 fois plus puissant que les antibiotiques ». Cadoitsesavoir.fr fait même état, sans sourciller, d’une « rumeur » qui présente Alexandre Benalla comme « l’amant de Macron ».
Lorsqu’ils perdent en crédit, ses sites ferment et rouvrent sous un nouveau nom
Multiplier les sites a plusieurs intérêts pour leur créateur. D’abord, gagner en visibilité. A eux tous, ils cumulent une audience considérable sur les réseaux sociaux. Leurs publications sont ainsi partagées, commentées ou « aimées » autour d’un million de fois par mois sur Facebook, selon les données que nous avons pu récolter grâce à l’outil d’analyse BuzzSumo. Un point loin d’être anecdotique : ces sites sont truffés de publicités, issues de Google ou de modules, comme Taboola, qui rapportent des revenus en fonction du nombre de clics générés.
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Autre intérêt : pouvoir remplacer un site par un autre lorsque l’un d’entre eux est trop exposé pour ses mensonges. Cela a, par exemple, été le cas pour Onsaitcequonveutquonsache.com, qui a sacrément perdu en crédit après avoir été mentionné dans plusieurs de nos articles et tourné en ridicule dans une vidéo de la chaîne YouTube WTFake. Interrogé par la journaliste Aude Favre sous son pseudonyme « Alain Proviste », l’administrateur du site peinait à défendre le sérieux de son travail, se réfugiant derrière le fait qu’il ne peut pas « tout tout tout vérifier ».
Onsaitcequonveutquonsache.com a finalement été enterré au cours de l’année 2018, mais d’autres, comme Reveillezvous.fr ou Quelmonde.fr, lui ont succédé.
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La publicité, première source de financement des sites de désinformation
Derrière ces sites, un ingénieur informatique qui dénonce les « manipulations » des médias
Tous ces sites ont-ils été créés à des fins idéologiques, pour diffuser des messages politiques ? Ou purement mercantiles, pour permettre à leur créateur de générer des revenus publicitaires ? Vraisemblablement les deux à la fois : si beaucoup de publications portent principalement sur des sujets d’actualités, certaines s’en écartent complètement. Nous avons même retrouvé la trace d’un site pornographique dans cette nébuleuse éclectique.
Contacté par écrit, Johann Fakra n’a pas répondu à ces interrogations, contestant d’emblée jouer un rôle dans l’administration de ces médias. Nous lui avons alors demandé pourquoi la page Facebook Ça doit se savoir, qui est mise en avant sur dix de ces sites, avait été ouverte à son nom en 2014 (un élément que nous avons simplement pu constater grâce à une fonctionnalité publique de la plate-forme) :
Le premier nom de la page Facebook Ça doit se savoir était « Johann Fakra ». Facebook.com / Ça doit se savoir
« Je ne saurais l’expliquer », nous a répondu Johann Fakra, avant de mettre un terme à nos échanges. Quelques instants plus tard, la page Ça doit se savoir était inaccessible sur Facebook, et elle l’était toujours au moment de la publication de cet article.
« Il nous a dit qu’il allait travailler sur des projets de monétisation de blogs » – Un ancien associé
Sur son CV en ligne, Johann Fakra se présente comme « président fondateur » de Tu sais quoi ?, une société qui édite le « premier média 100 % libre et démocratique » dont le lancement est « prévu en 2017 ». Cette société existe bel et bien : elle a été créée en 2016 et le quadragénaire la dirige bien par l’intermédiaire d’une autre société, Timayo, créée quelques mois auparavant. Mais le site annoncé, Tusaisquoi.fr n’a pas, pour l’heure, vu le jour.
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Avant de se lancer dans la création de sites Web à son compte, Johann Fakra travaillait au sein de Skilld, une société informatique de développement Web et mobile sise à Paris. « Cela fait deux ans environ qu’il a quitté l’entreprise, il nous a dit qu’il allait travailler sur des projets de monétisation de blogs », explique l’un de ses associés de l’époque. S’il concède ne pas connaître les activités exactes de son ancien collègue, il constate que ce dernier a peu à peu versé dans le conspirationnisme :
« C’était vraiment une chose sur laquelle on n’était pas en phase, les sites de désinformation et complotistes, ce n’est pas trop mon truc. Il était difficile de discuter avec lui de ces sujets. »
En 2016, Johann Fakra déclarait vouloir « créer un média participatif totalement libre et indépendant » dans une interview au site On passe à l’acte, qui recense des initiatives de « projets de bien commun ». Il y affirme être parti « en quête de vérité » après avoir survécu à un cancer. Deux ans plus tard, la galaxie de sites qu’il a réellement créée, cette fois de manière anonyme, apparaît bien loin de cet idéal.
La liste des sites administrés par Johann Fakra
entrées affichées
Recherchez :
Adresse web (URL)
Adresse web (URL)
https://www.unmonde2fou.fr/
https://www.troprigolo.fr/
https://www.traqueursdelinfo.fr/
https://www.tranchederire.fr/
https://www.ta-sante.fr/
https://www.seelife.fr/
https://www.see-life.fr/
https://www.reveillezvous.fr/
https://www.remedes-de-grands-meres.fr/
https://www.quelmonde.fr/
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Mise à jour, le 14 novembre à 11 heures : ajout de plusieurs sites liés au réseau dans notre liste.
Par Adrien Sénécat
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Policiers "agressés" en Seine et Marne : le contexte que les medias n'ont pas raconté
Offert par le vote des abonné.e.s
Deux personnes ont été placées en détention, le 8 juillet, après ce que les medias ont appelé "l'agression d'un couple de policiers", et qui a suscité de nombreuses réactions politiques. Aucun journaliste n'avait recueilli la version des deux mis en examen, qui diffère de celle de la police. La voici.
L’information a fait grand bruit : un couple de policiers en civil aurait été agressé sous les yeux de leur petite fille à Othis, en Seine-et-Marne. Ce mercredi 4 juillet 2018, alors qu’ils venaient de récupérer la fillette au domicile de leur assistante maternelle, ils auraient été violemment pris à partie par deux "trafiquants de stupéfiants". La presse évoque d’abord "un guet-apens préparé et prémédité" avant de signaler qu’il pourrait s’agir d’une "rencontre fortuite". Le mobile avancé, lui, reste le même : les deux suspects auraient voulu se venger d’un contrôle d’identité ayant dégénéré quelques semaines plus tôt.
LeParisien
Le Parisien, 5 juillet 2018
Capture d'écran
Très médiatisée, cette affaire a suscité un vif émoi… et de nombreux commentaires politiques. Il faut dire qu’elle intervient dans un contexte médiatique particulièrement tendu : à Nantes, la mort d’Aboubakar Fofana, tué d’une balle dans la carotide par un CRS lors d’un contrôle routier, a embrasé les quartiers populaires de la ville. Devant l'homicide et les incohérences de la version officielle, commerces, lieux associatifs, voitures, sont incendiés. Devant l'accumulation des témoignages, le policier va plus tard changer de version, passant d'un tir "en légitime défense" à un tir "par accident". En attendant, le 4 juillet, pour de nombreux medias, l'affaire d'Othis est traitée comme une "seconde agression anti-flic".
À droite comme à gauche, les condamnations de cet acte "terrifiant et révoltant", pour reprendre les termes d’Éric Ciotti, "épouvantable et abominable", pour reprendre ceux de Benoît Hamon, se multiplient. Le président de la République se fend lui-même d’un tweet fustigeant "l’ignominie et la lâcheté des deux voyous" et promet qu’ils seront "retrouvés et punis". Une affaire d’État donc…
Capture d’écran 2018-07-08 à 18.20.56
Emmanuel Macron sur Twitter, 5 juillet 2018
Capture d'écran
Pourtant, les accusés - que personne n’a cherché à entendre - livrent une version plus complexe de cette histoire. Impossible de la raconter sans remonter à son origine.
une incroyable coïncidence
Tout commence à la cité du Gros-Saule, à Aulnay-sous-Bois, où grandissent Sébastien et Adrien, les deux frères aujourd’hui accusés de violences. Dans ce quartier, comme dans tant d’autres, les interactions conflictuelles avec les forces de l’ordre sont quotidiennes. Les habitants dénoncent des interventions policières brutales, abusives ou discriminantes. De leur côté, les forces de l'ordre se plaignent d' insultes et de provocations régulières. Parce qu’elle y travaille depuis des années, Sophie*, la brigadière qui accuse les deux Aulnaysiens de l’avoir agressée à Othis, est connue dans cette cité. Sebastien, aujourd’hui âgé de 27 ans, l’a croisée à plusieurs reprises, notamment dans le cadre de contrôles d’identité.
En 2014, leur relation va considérablement se tendre… du fait d’une incroyable coïncidence. En février, Sébastien et Adrien suivent le mouvement familial et emménagent à Othis, petite commune de Seine-et-Marne. Seulement voilà, la maison dans laquelle s’installe cette famille d’origine portugaise est très proche du logement de la brigadière. Cette proximité, Sophie et les deux frères la découvrent de manière fortuite, en se croisant quelque temps après le déménagement. D’après Adrien, la policière, inquiète, en aurait aussitôt référé à ses collègues. Ces derniers attendent que les deux frères soient de passage à Aulnay-sous-Bois pour aller leur en toucher un mot. "On était en voiture avec Sébastien, ils nous ont interceptés à un rond-point et nous ont demandé de sortir du véhicule" raconte Adrien.
Quatre agents sont présents : deux procèdent au contrôle d’identité du cadet et deux autres discutent avec l’aîné. "C’était juste pour le menacer, ils lui ont dit «si jamais il arrive quelque chose à notre collègue, c’est toi qui prendras.»" Ce à quoi Sébastien aurait répondu qu’il n’est "pas un gamin", qu’il ne va "rien faire du tout" et qu’il connaît très bien les risques encourus. Chacun semble donc savoir à quoi s’en tenir. D’ailleurs, durant les années qui suivent, si la tension reste palpable entre les policiers et Sebastien, qui se croisent notamment dans son ancien quartier où il a conservé des attaches, aucun incident majeur n’est à signaler. Du moins jusqu’au 17 mai 2018…
"violences gratuites" sur un chien
Ce matin-là est tendu à la cité du Gros Saule. D’après Le Parisien, unique média à évoquer ces faits à l’époque, "la seule présence de quatre fonctionnaires à pied aurait suffi à susciter un attroupement." Ahmed*, un habitant du quartier, tempère : "ces policiers viennent tous les jours, contrôlent tous les jours, mettent tout le monde à l’amende...c’est ça qui suscite et a suscité les tensions." Alors que le groupe de policiers et les jeunes s’invectivent, Bakary sort de son immeuble pour aller promener son chien, un American Staffordshire (dit Amstaff). Parce que c’est sur son chemin, explique-t-il, il est obligé de passer à proximité du point de tension. D’après les policiers, c’est là qu’il aurait ordonné à son animal de les attaquer.
LEPARISIENMAI
Article du PARISIEN, 17 MAI 2018
Capture d'écran
Lui, et au moins un témoin que nous avons pu interroger, nient ces accusations : "ils étaient sur mon passage, je pouvais pas passer ailleurs… mais je les ai pas du tout calculés. J’ai pas dit un seul mot." Il reconnaît, en revanche, que son Amstaff n’était pas tenu en laisse, contrairement à l'obligation. En le voyant arriver, Sophie, qui fait partie des quatre officiers présents sur les lieux, lui aurait d’ailleurs crié "tiens ton chien en laisse !". Mais avant même qu’il ait eu le temps de réagir, elle aurait dégainé son arme et tiré sur le chien. L’Amstaff ne bouge plus. La tension monte d’un cran. Les jeunes reprochent à la brigadière des "violences gratuites" contre un chien qui "ne lui aurait rien fait". Au milieu des insultes, elle aurait entendu cette phrase qui va tout faire basculer : "on sait où tu habites". Bakary ne sait plus si ces propos ont été tenus : "franchement, je vais pas mentir, je ne sais pas… j’étais ailleurs, je voulais juste un vétérinaire pour mon chien." Dans son article du 17 mai 2018, Le Parisien, qui a comme toujours (ou presque) relaté les faits en s’appuyant uniquement sur la version policière, ici sous le titre ""un Amstaff se jette sur des policiers"", ne fait pas mention de ces menaces.
"On lui a conseillé d’aller voir les policiers direct pour s’expliquer"
Quoi qu’il en soit, elles semblent être prises très au sérieux, d’autant que pour Sophie, l’homme qui a tenu ces propos n’est autre que… Sébastien. Le hic c’est que, selon lui, ni lui ni son frère n’étaient là au moment des faits. Le manutentionnaire était sur son lieu de travail et assure pouvoir le prouver. Ahmed, l’un de ses amis, raconte : "après ces accusations, des policiers sont allés sonner chez lui. Il était pas là mais c’est son père qui l’a prévenu. Il était choqué, il savait pas quoi faire. On lui a conseillé d’aller voir les policiers direct pour s’expliquer." Sur les conseils de ses proches, Sébastien se présente donc au commissariat. Il explique qu’il n’a absolument "rien à voir avec les faits" qui lui sont reprochés et que son employeur peut fournir toutes les attestations nécessaires, y compris des images de vidéosurveillance. Là, un policier lui aurait demandé de le suivre pour une discussion en tête à tête. Selon les proches de Sébastien avec lesquels nous avons pu nous entretenir, le policier se serait enfermé dans une salle avec lui, lui aurait demandé de retirer sa casquette, aurait lui-même déposé son ceinturon de policier pour un "face à face d’homme à homme" puis lui aurait asséné plusieurs gifles. "Ils avaient rien mais il voulait lui remettre la pression" souligne Adrien, "il lui a redit qu’il avait pas intérêt à balancer l’adresse de la policière."
Après ce violent rappel, Sébastien est relâché. Sans procès-verbal ni aucune poursuite. Du moins pour l'instant. S'il est établi qu'il n'était pas présent lors de l'altercation du 17 mai, il pourrait avoir communiqué l'adresse de la policière à des proches du quartier. C'est ce dont il semble être soupçonné.
"on n’a vu aucun enfant sur les lieux"
Le 4 juillet 2018, l’accalmie qui s’était installée depuis la séance du commissariat prend fin. Il est 20h quand son frère et lui rentrent du travail. Au domicile familial, une amie attend l’aîné pour lui couper les cheveux et tailler sa barbe. "Ensuite, on a tous mangé, et à 21h00 je suis sorti de chez moi avec mon frère" retrace le principal accusé dans une lettre qu’il a adressée à Amal Bentounsi, porte-parole du Collectif Urgence Notre Police Assassine, avant son interpellation.
Les deux frères sortent faire un tour en voiture. C’est Adrien qui conduit. Ils expliquent avoir fait "50 mètres à peine" quand ils croisent la brigadière et deux autres hommes. Ils reconnaissent Sophie mais ne savent pas encore qui sont les personnes qui l’accompagnent. Interrogé sur la présence d’une fillette, Adrien assure : "nous, c’est sûr et certain, on n’a vu aucun enfant sur les lieux. On a appris dans la presse qu’ils disaient que leur fille était présente mais vraiment, on ne l’a pas vue." Cela pourrait s’expliquer par le fait que la fillette était attachée à l’arrière de la voiture de ses parents au moment de l’altercation. Qu’a-t-elle vu depuis sa position ? La question reste entière.
Si les policiers assurent que les deux frères les ont d'emblée agressés, la version de ces derniers est différente : en les voyant arriver, l’homme qui s’avérera être le compagnon de la brigadière, leur aurait intimé de s’arrêter puis se serait dirigé vers le côté passager du véhicule. "Il est allé voir Sébastien directement et lui a dit «toi tu sors de la voiture, on va parler»" raconte Adrien. L'aîné s’exécute. Les deux hommes se mettent légèrement en retrait, sur le trottoir voisin. Le policier -en civil- veut régler ses comptes avec Sébastien qu’il croit toujours être l’auteur des menaces proférées le 17 mai. Il l’attrape par le col, le soulève et lui demande : "quand ma femme était là le vendredi de l’histoire, pourquoi tu lui as dit «on sait où tu habites, on va venir chez toi ?»"
À nouveau, Sébastien répond qu’il n’a jamais menacé Sophie, qu’il n’était pas là le jour des faits, et qu’il a déjà fourni les preuves. Le ton monte. "Mon frère lui disait : «je sais très bien ce que tu cherches, je vais pas tomber dans le piège». En fait, le policier le provoquait pour qu’un coup parte" précise Adrien, "il lui a même lâché des « là, je suis pas en tenue, si je veux je te nique ta mère»." Sophie se serait alors interposée devant la vitre d’Adrien pour l’empêcher de voir la scène. "Ça va trop loin" pour le cadet qui décide de sortir. "Je suis allé les voir, je lui ai dit «lâche mon frère», j’ai pris son bras pour l’arrêter et là, il s’est retourné et m’a mis un coup de tête." Sébastien saisit alors le policier en civil et lui assène, de son propre aveu, "deux ou trois coups à la tête". La bagarre qui s'ensuit est violente : la policière se verra prescrire quatre jours d'interruption totale de travail, et quinze pour son compagnon. Alertés par les cris, plusieurs voisins interviennent pour les séparer. "Les voisins ont calmé le jeu puis chacun est rentré chez soi. Nous on est retourné à la maison."
"Ils sont allés jusqu’à filmer mon pas de porte pour leurs reportages!"
C’est, effectivement, à son domicile que Sébastien sera interpellé vendredi matin. Adrien, lui, recevra un appel un peu plus tard lui demandant de se présenter devant l’Officier de Police Judiciaire samedi 7 juillet à 9 heures précises. Des policiers viendront finalement l’interpeller chez lui, à Othis, dans la nuit de vendredi à samedi. "On n’a pas compris ce changement de plan" explique la mère de Sébastien et Adrien, "quand j’ai demandé des informations, on m’a dit que les ordres venaient «d’en haut»". De toute cette histoire, elle se dit "révoltée par l’injustice" que subissent ses fils et par la manière dont les médias ont relaté les faits. "Vous vous rendez compte de comment ils nous ont salis ? Quand j’entends les médias dire que mes enfants sont des voyous alors qu’ils n’ont qu’une seule partie de l’histoire. Ils sont allés jusqu’à filmer mon pas de porte pour leurs reportages!"
Le traitement médiatique a, en effet, comme très souvent dans ce genre d’affaires, de quoi interroger. Il s’est fait exclusivement à charge, en reprenant sans contradiction les sources policières. Aucun des médias qui a relaté cette histoire d’agression présumée n’a jugé utile de recouper les déclarations, d’aller à la rencontre de la famille, d’interroger d’éventuels témoins.
La prise en compte des explications fournies par les deux accusés permet de nuancer l’appréciation des faits : cette "agression" prétendument motivée par les fonctions de Sophie et de son compagnon pourrait être, en réalité, une "bagarre". D'abord présenté comme "préméditée", la rencontre, à ce moment précis, pourrait être totalement fortuite. Sur ce point, il faut noter que la correction a déjà été faite dans nombre de médias. Mais, on le sait, les amendements n’ont jamais le même impact que les premières déclarations. S’agissant de la petite fille du couple, qui rappelons-le, était attachée à l’arrière du véhicule de ses parents au moment des faits, rien ne permet d’affirmer qu’elle a assisté à la scène.
Par ailleurs, contrairement à tout ce qui a pu être écrit sur le sujet, les deux frères n’ont jamais été entendus, poursuivis ou jugés pour des affaires liées à du trafic de stupéfiants. Si l’aîné a effectivement un casier judiciaire, pour des faits de violence remontant à 2014, celui d’Adrien ne comporte aucune mention. Seule « erreur de parcours » : une ordonnance pénale pour conduite sous l'emprise de stupéfiants. Enfin, contrairement à ce que Emmanuel Macron (et toute la presse) ont écrit, la police n'a pas eu à ""retrouver"" les deux frères, qui n'ont jamais quitté leur domicile et leur lieu de travail.
Ce dimanche, alors que les deux frères, déférés au parquet de Meaux, étaient incarcérés et mis en examen pour « violences en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique, ayant entrainé une ITT», leur avocate, Me Louise Tort a vivement dénoncé "« l’instrumentalisation médiatique et politique de cette affaire. »" Selon elle, "« on a transformé une bagarre de rue en scénario de violences contre des policiers pour éteindre les événements survenus à Nantes. » "Les deux frères seront jugés en comparution immédiate mercredi 11 juillet.
- Les prénoms ont été modifiés.
(Par Sihame Assbague, journaliste free lance. Voir ici son compte Twitter).
"Ce n’est donc pas Barack Obama qui parle, mais une combinaison d’une captation de son visage et d’un algorithme permettant de remplacer le mouvement de ses lèvres par un mouvement synthétique. Le résultat : on peut lui faire dire n’importe quoi, et je vous défie de le détecter."