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CW : harcèlement, suicide
Mes deux parents sont/étaient profs en lycée. Il y a quelques années, un évènement horrible a eu lieu dans l'établissement de ma mère, qui montre à quel point les profs sont très peu soutenus par leur direction (possible que je supprime ce thread par la suite).
Cette histoire n'est pas un cas isolé. Mon père a longtemps dirigé l'antenne syndicale de son lycée et, toute mon enfance/adolescence, j'ai entendu des histoires épouvantables de profs complètement abandonnés. Mais dans ce cas, ça a pris une tournure dramatique.
Des parents d'élèves ont commencé à s'en prendre un à professeur d'histoire-géo. Pas sur le contenu de ses cours, mais sur sa personnalité, sa manière de faire (quelqu'un de pourtant très humain et consciencieux dans son travail).
Du harcèlement et de l'humiliation en continu. Il a essayé d'obtenir le soutien de la direction, qui lui a tourné le dos, participant plus ou moins à l'acharnement.
Un soir, a lieu un conseil de classe. Les délégués de parents prennent la parole et l'humilient en public, démontant son travail de A à Z. Le professeur quitte le conseil en plein milieu, rentre chez lui, et se pend dans sa cave.
Je n'ai rien à ajouter, je pense que cette histoire parle d'elle-même
" Pourquoi une fois ado, votre fils ne lit plus de livres (et pourquoi ça fait peur) | Slate.fr
Alors est-ce que tout ça, c’est la faute des écrans? En partie, mais si ce n’était que cela, tous les ados seraient touchés de la même manière. Or il se passe autre chose à partir du collège: la lecture, ça devient un truc de fille.
L’un des chiffres qui m’avaient frappée au sujet du magazine J’aime Lire, c’est qu’il y avait une quasi-parité entre lecteurs et lectrices. À partir du collège, c’est fini et enterré. Livre = utérus. Il faut dire que la lecture allie les qualités attendues chez les filles: immobilité, calme, silence et enrichissement de la vie intérieure.
Le désintérêt des adolescents pour les livres correspond exactement à ce qu’on appelle «la fabrique des garçons», un ensemble de stéréotypes qui encouragent les garçons à se détourner de la lecture. Les garçons, c’est l’agitation, l’interaction physique, le désordre (en gros, ce sont des chiots totalement soumis à leurs pulsions).
[...]
C'est moi qui graisse :
On ne dira jamais suffisamment combien la fabrique de stéréotypes de genre est néfaste pour les filles et les garçons. On s’intéresse généralement plus aux filles parce qu’elles subissent des discriminations évidentes, mais la masculinité hégémonique est aussi un problème pour les hommes.
Arrivés à l'âge adulte, les hommes lisent moins que les femmes. Manque de temps ? Que nenni. Flemmingite aigüe :
Les hommes auraient donc moins de temps que les femmes. Or pour avoir étudié les emplois du temps des Françaises et des Français pour mon dernier livre, je sais que c’est faux. Les hommes français ont en moyenne 3h30 de temps de loisir de plus que les femmes par semaine.
[...]
Or les femmes sont souvent entrainées à la contrainte et à l’autodiscipline, dès leur plus jeune âge. Quand on est capable de limiter son alimentation et de s'arracher des poils, l’effort d’ouvrir un livre ne paraît franchement pas insurmontable –fin de l'hypothèse.
Achievement unlocked :
En tout cas, nous sommes face à un cercle vicieux, parce que d’après toutes les études, ce qui encourage le plus efficacement les garçons à lire, c’est de voir leur propre père lire, de l’entendre parler de littérature, que ce père leur lise lui-même des histoires, leur conseille des livres. Le rôle de modèle joue là aussi, dans l’association d’une figure masculine à la lecture.
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